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Assistance à la personne
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Depuis 2008 nous avons entamé un effort de long terme sur l'assistance aux personnes à mobilité réduite (personnes âgées, handicapées);. Pendant deux années nous avons interviewé des personnes de terrain (sujets, association de personnes âgées et/ou handicapées, famille, aidants, infirmiers, personnel de maison de retraite, docteurs, collectivités territoriales) pour identifier les besoins et les priorités ainsi que les lignes directrices qui devaient guider nos développements.

Cela nous a permis d'identifier des priorités (ce qui doit être fait, pour qui, quand, pourquoi):

  • assistance à la mobilité (avec une emphase sur la possibilité d'aller seul aux toilettes)
  • assurer la sécurité des personnes
  • le suivi médical: les docteurs se plaignent de
    • la fréquence faible avec laquelle ils obtiennent des informations sur l'état de santé de leurs patients alors que leurs trajectoires de vie évoluent rapidement. Un suivi au plus près de la vie quotidienne leur permettraient par exemple de détecter plus facilement des pathologies émergentes
    • la pertinence et la densité des informations qu'ils recueillent. S'il est nécessaire que l'information reste synthétique des indicateurs plus objectifs, robustes et reflétant mieux des tendances sont requis
  • aider aussi les aidants (famille, personnel soignant) qui sont soumis à des stress à la fois physique et psychologique parfois intenses, ce qui ne renforce pas leur disponibilité pour des relation sociales
Outre ces priorités nous avons dégagés des lignes directrices qui doivent nous guider dans nos développements:
  • proposer des systèmes très peu intrusif: idéalement les systèmes doivent être invisible et déployés à la demande ou en cas d'urgence
  • proposer des systèmes qui s'adaptent à l'utilisateur, sa trajectoire de vie et à son environnement. Sauf cas particulier il n'est pas légitime de demander des modifications importantes de son cadre de vie à des utilisateurs
  • assister mais ne pas se substituer: il faut toujours chercher le compromis entre l'aide apportée et la nécessité de maintenir le niveau d'activité à son maximum
  • assister mais ne pas remplacer : le but des systèmes d'assistance doit être de dégager du temps pour les relations sociales et de les faciliter, pas de remplacer des interlocuteurs humains par des machines
  • proposer des systèmes à bas coût non seulement à l'achat mais aussi pour l'installation et la maintenance. L'environnement familial est souvent prêt à financer à tout prix des dispositifs d'assistance même imparfait qui, de plus, ne prennent pas en compte les innovations technologiques. Ceci conduit à des dispositifs onéreux dont les équivalents industriels sont bien plus abordables. Le coût doit aussi prendre en compte les frais d'installation et de maintenance, qui ne doivent pas être le fait d'expert mais au contraire de personnel local qui, outre le fait qu'il propose des services plus abordables, sont bien plus disponibles en cas de problèmes, l'indisponibilité longue d'un système d'assistance pouvant avoir des conséquences dramatiques aussi bien du point de vue physique que psychologique
  • proposer des interfaces de contrôle très variés permettant de répondre au mieux aux aptitudes physiques/cognitiques des utilisateurs et à leurs variations dans le temps. De plus ces interfaces, utilisées quotidiennement et de manière répétitive doivnt être pensées pour participer au suivi médical demandé par la communauté médical
  • proposer des systèmes à basse consommation d'énergie: le public visé n'est pas forcément le plus apte à porter attention à l'état de fonctionnement des systèmes, ni à penser à charger/remplacer des batteries alors que les conséquences d'une panne d'énergie peuvent être elles aussi dramatiques. Idéalement les systèmes devraient être quasi-autonome et ne pas nécessiter d'action de l'utilisateur
  • proposer des systèmes communicants: à notre sens nous sommes très loin de pouvoir proposer un système d'assistance universel répondant à tous les besoins (et qui serait sans doute d'un coût prohibitif). Avant l'apparition de cet outil nous aurons donc à gérer un ensemble d'agents d'assistance, remplissant efficacement certaines tâches en nombre toutefois limité. Ces agents seront donc amenés à communiquer avec les autres agents pour échanger des informations, voir à collaborer avec eux (par exemple dans des situations d'urgence). Il faudra cependant faire attention à la confidentialité des données qu'ils échangent, certaines d'entre elles étant de nature médical.
  • penser très en amont à la programmation globale des systèmes d'assistance. Nous aurons affaire à un système très distribué, redondant mais avec souvent avec des composants défaillants, très hétérogène d'un point de vue informatique, évoluant dans des environnements très variables et dont la structure va être très évolutive puisqu'elle doit suivre la trajectoire de vie de l'utilisateur. La progammation "à la main" d'un tel système n'est pas envisageable
  • responsabiliser les utilisateurs et leur entourage: un dispositif d'assistance ne pourra jamais être fiable à 100%. Appliquer sans discernement un principe de précaution conduit à faire concentrer les efforts industriels vers des solutions sans risque (permettant souvent de plus de dégager des marges importantes) mais qui ne sont pas, et de loin, les plus appropriées aux déficits

Pour répondre à ses priorités et respecter ces lignes directrices nous avons entamé des développements selon des axes bien particuliers:

  • développer des collaborations très fortes avec la communauté médicale (par exemple le CHU de Nice)
  • disposer d'un environnement propre qui nous permet de tester confortablement des systèmes d'assistance dans des conditions réalistes, environnement qui est partagé avec d'autres centre de ressources. Pour cela nous avons reconstitué un appartement complet avec chambre à coucher, cuisine, coin repas, zone de rééducation
  • réduire les coûts en n'utilisant que des composants standards, fiables et très disponibles.
  • proposer des méthodologies de conception qui prennent en entrée l'utilisateur, son environnement et une liste possiblement limité de composants et qui proposent en sortie des solutions aux performances garanties, évolutives, modulaires, ceci en dépit des incertitudes propres aux réalisations physiques. Ces méthodologies participent aussi à la réduction des coûts en permettant à des non experts de procèder à des installations
  • intégrer dès la conception que tout système d'assistance peut être amené à jouer un rôle dans le suivi médical
  • intégrer au mieux les solutions les plus innovantes de l'informatique qui depuis quelques années permettent de s'interfacer très facilement avec un environnement de capteurs tout en ayant une consommation énergétique très basse (voire quasi-nulle avec les systèmes à récupération d'énergie). Nous faisons par exemple une consommation importante de Phidgets, fit-pc ou Arduino.
Bien entendu nous ne prétendons pas atteindre seul et en quelques années tous les objectifs que nous nous sommes fixés. C'est pour cela que nous avons initié la proposition de l'Action d'Envergure PAL, officiellement crée en 2011, et que nous cherchons en permanence à nouer des collaborations, souvent très en dehors du domaine de la robotique, par exemple avec les projets INDES (programmation), STARS (monitoring d'activités par vision), REVES et V4R (réalité virtuelle). Nous estimons aussi que les SHS devraient jouer un rôle essentiel dans cette activité, par exemple sur les thèmes de l'acceptation sociale, sur les interfaces et sur le renforcement des relations sociales mais aussi sur les problèmes d'éthique que l'on ne peut pas négliger dans ces travaux.

Nous avons cependant commencé à explorer des possibles et à développer des prototypes qui sont sommairement présentés dans cette page .