MoDAthèque

Plate-forme MDA

Janvier 2003

L’industrie du développement logiciel doit faire face à des défis à la fois économiques, techniques et stratégiques. Pour rester compétitives les sociétés doivent réduire de façon significative leurs coûts de développement et de maintenance.

Afin d’accroître productivité et qualité du développement, de nombreuses aides et méthodologies ont été proposées. Cependant, les gains réels apportés restent encore limités. Les méthodes actuelles sont en effet pour la plupart faiblement outillées, difficilement adaptables et combinables et n’ont pas été conçues pour être intégrées à une chaîne méthodologique complète. Elles sont par ailleurs mises en difficulté sur la maîtrise de la complexité croissante des systèmes à développer et sur la résistance aux évolutions technologiques.

Face à ce constat, des analyses indépendantes amènent toutes à la conclusion de la nécessité de passer à des approches génératives, à partir de modèles abstraits, stables, bien identifiés et séparés. La famille de solutions qui permettrait d'affronter la crise avec les meilleures chances de succès semble être l'ingénierie guidée par les modèles (MDE : Model Driven Engineering). Cette approche bénéficie de nombreux travaux académiques et fait l’objet d’une initiative majeure de l’OMG (Object Management Group) appelée MDA (Model Driven Achitecture).

Parmi les freins à la mise en place des approches de développement MDA, nous identifions deux verrous conceptuels principaux :

• La définition du concept de Composant méthodologique MDA, unité de structuration et de déploiement des règles et techniques de modélisation, permettant la constitution d’une chaîne méthodologique MDA au-dessus des outils de modélisation.
• La capacité d’identifier et gérer le rôle de composants MDA dans un processus de développement logiciel.

A ceux-ci s’ajoutent trois verrous technologiques importants :

• L’interopérabilité des outils supportant la chaîne méthodologique MDA.
• La maîtrise et capitalisation de la chaîne méthodologique MDA.
• Le pilotage assisté des processus de développement dans la chaîne méthodologique MDA.

La nature de ces verrous technologiques (interopérabilité, capitalisation, orchestration) nécessite d’aborder la question en largeur et de manière très ouverte sous la forme de la définition d’une plate-forme commune d’expérimentation, plutôt que d’un ensemble de projets techniques ciblés dont la cohérence et l’interaction seraient difficiles à assurer.

Le projet MoDAthèque se propose de répondre à ces problèmes en développant et expérimentant une plate-forme dédiée aux technologies MDA.

Les résultats techniques attendus sont les suivants :

• Une plate-forme technologique assurant l’interopérabilité des outils de manipulation de modèles et offrant les concepts et mécanismes nécessaires à la constitution de chaînes méthodologiques MDA. Cette plate-forme repose sur trois niveaux de fonctions :

• Un bus d’interconnexion appelé BIM (Bus d’Interopérabilité des Modèles). Le BIM doit permettre d’interconnecter les outils de manipulation de modèles afin que les services qu’ils offrent puissent être utilisés de manière transparente à la localisation.
• La mise en œuvre du concept de Composant méthodologique MDA, unité de structuration et de déploiement des règles et techniques de modélisation, permettant la constitution et la capitalisation d’une chaîne méthodologique MDA au-dessus des outils de modélisation.
• La mise en œuvre d’un support particulier pour l’orchestration des composants méthodologiques basé sur des techniques et outils de gestion de processus.

• Le peuplement de la plate-forme par un ensemble d’outils couvrant les différents aspects d’un développement MDA (modeleurs, outils de transformation de modèles, outils d’instrumentation, etc.).
• L’expérimentation de démarches MDA instanciant la plate-forme dans des contextes applicatifs et méthodologiques divers. Ces expérimentations permettront de valider la plate-forme et ses concepts, et d’approfondir la compréhension des enjeux et points durs de l’approche MDA.

Les industriels attendent de MoDAthèque des solutions pour la mise en oeuvre effective de chaînes méthodologiques MDA flexibles et ouvertes permettant la capitalisation des savoir-faire qui assurera les gains de productivité recherchés.

Le marché des outils MDA est par ailleurs un marché en pleine croissance, sur lequel la position des compagnies américaines est très dominante. L’enjeu de MoDAthèque est qu’il est nécessaire de construire un marché ouvert pour permettre à une grande diversité d’outils d’entrer dans la compétition, et pour fournir aux utilisateurs une plus grande liberté dans la recherche de solutions adaptées à leurs besoins. L’architecture ouverte de la plate-forme MoDAthèque joue à cet égard un rôle central.

MoDAthèque a pour objectif de produire une gamme de produits interconnectés au sein de la plate-forme, selon plusieurs stratégies. Les partenaires outilleurs vont faire évoluer leur outillage actuel, et produire de nouvelles générations d’ateliers qu’ils distribueront.

MoDAthèque permet par ailleurs aux partenaires de renforcer leur coopération pour diffuser leurs résultats sous forme de standards ou prendre en compte les tendances des futurs standards dans leurs travaux.

Le consortium réunit industriels, éditeurs d’outils et organismes de recherche, parmi les acteurs majeurs du MDA en France.

Les industriels (THALES, France Telecom, EDF) sont essentiellement émetteurs de besoins et de contraintes quant au développement logiciel fondé sur les modèles, et utilisateurs de la plate-forme MoDAthèque. Ils participent aux spécifications et valident la plate-forme au travers de la mise en œuvre d’applications exploitant les différents aspects de cette plate-forme. Certains industriels pourront de plus participer à la construction de la plate-forme en exploitant des compétences développées en interne sur des plates-formes propriétaires.

Les éditeurs d’outils (Softeam, Sodifrance, Omondo, W4), contributeurs essentiels à la plate-forme MoDAthèque, viennent adapter et étendre leurs outils pour connexion au bus et constituer la plate-forme effective. Ils réalisent l’adaptation de leurs outils existants, et développent des extensions spécifiques à l’outillage du concept de composant méthodologique MDA au cœur de la plate-forme.

Les organismes de recherche académique (INRIA, CEA-LIST, LIP6, CNAM, IMAG) assurent la validité scientifique et technique de la plate-forme MoDAthèque. Par ailleurs, ils réalisent un transfert et une diffusion de leur technologie propre au travers de la plate-forme MoDAthèque, en accompagnant les cas d’utilisation industriels.

La technologie MDA développée dans MoDAthèque est au cœur des préoccupations de l’ensemble des partenaires, et prend une dimension stratégique qui suscite des projets d’exploitation de grande ampleur.

Les industriels préparent activement l’évolution de leurs ateliers et méthodologies de développement pour le passage aux approches fondées sur l’ingénierie des modèles, avec pour retombées attendues une augmentation de la productivité et de la qualité de leurs développements.

La plateforme MoDAthèque va constituer pour eux la base de la prochaine génération d’ateliers de développement intégrés en cours de définition en interne. Les chaînes de développement et les composants méthodologiques mis en place et expérimentés dans MoDAthèque devraient fournir la base de leurs méthodologies MDA actuellement en cours de constitution.

Les éditeurs d’outils mesureront leurs résultats en termes d’interopérabilité, et d’outillage nouveau et/ou étendus. Les résultats de MoDAthèque seront largement exploités par les éditeurs pour consolider et étendre leur offre MDA sur un marché très concurrentiel. Les retombées attendues sont essentiellement le renforcement de la crédibilité de l’approche MDA en général, et l’élargissement de leur part de marché propre.

Pour les organismes de recherche académique, la plate-forme MoDAthèque est destinée à jouer un rôle fédérateur pour les différents acteurs du domaine, tout en assurant une mission de vecteur de diffusion des technologies développées par les académiques. La plate-forme devrait constituer un support pour la réalisation des futurs travaux de recherche dans le domaine MDA.

Une partie importante des résultats de MoDAthèque prendra la forme de logiciels libres. Certains seront développés en relation avec l’environnement de développement ouvert Eclipse et sont destinés à être diffusés dans la communauté Eclipse actuellement en voie d’expansion. THALES et France Télécom souhaitent par ailleurs créer d’une communauté d’utilisateurs autour de la plate-forme MoDAthèque, avec leurs partenaires industriels.

Dans un domaine caractérisé par une forte compétitivité internationale et une nécessaire réactivité, le projet de plate-forme d’ingénierie logicielle MoDAthèque devrait permettre à des sociétés et laboratoires français de démontrer leur savoir-faire et leur avance en proposant des solutions à la fois concrètes et innovantes aux besoins réels et actuels de l'industrie du logiciel. La réussite de la plateforme MoDAthèque se mesurera au travers de son ouverture et sa capacité à fédérer une large communauté d’utilisateurs et de contributeurs MDA, aussi bien dans le monde du logiciel libre que dans le monde industriel.