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Subject: Dernière à l'aven Abel
Date: Mon, 23 Oct 1995 16:23:09 +0100
From: Eric Madelaine 

Topo à l'aven Abel


Dimanche 22-10-1995,
Eric Madelaine, Bernard Hotz, François Santoro, Bernard Fantin (dit l'Abbé, mais il ne le sait pas...)
TPST: 9h Lorsque j'avais mentionné l'Abel à Bernard, Mercredi dernier au téléphone, je ne savais pas encore avec quelle joie il sautait sur l'occasion. "Super, il fait sec, aucun problème, il reste un petit bout de topo a faire dans l'amont." Dimanche matin, 10h30, Bernard se pointe chez moi, matinal (sachant qu'il était au Sanson la veille...). L'équipe renforcée de François (du Laurentin), arrivé plus tot, puis de l'Abbé (du Martel) qui nous attendait sur place. Un kit bourré de cordes (j'y avais contribué une 30m en 10mm toute neuve de la section, pour remplacer la vieille 8mm que Bernard prévoyait pour le dernier grand puit), le matériel topo fambant neuf du Martel, un casse-croute solide, et nous entrons vers 12h30. Les puits sont avalés sans mal; il faut dire que Bernard, avec ses copains du Martel a fait un boulot d'élargissement remarquable depuis que ce trou a été repris il y a un an. À -90, ancien terminus, l'Abel nous réserve sa première calinerie: dans la "trémie", cette sympatique succession d'étroitures ayant permis l'accés au nouveau réseau, la gouille est loin d'être sèche, contrairement aux prévisions de Bernard... et vu la hauteur du plafond difficile de ne pas y tremper, au choix, soit le ventre, soit le dos. Dernier petit puits, et l'on pose tout le matériel vertical, baudrier compris. La suite se fait "à pied". Grandes galeries descendantes, découpées au contact des calcaires et des marnes, puis laminoir, petites laisses d'eau, chatière basse (sèche celle-ci, avec des petits cailloux; c'est celle-ci qui se remplit de plus d'un mêtre d'eau par temps d'orage!), boues rouges, petits méandres bien découpés, tendant leurs arêtes amicales vers les replis de vos combis... Comme le dira plus tard François, un vrai petit Calernaum en miniature. -150: croisée des chemins. On va jeter un coup d'oeil au sommet du premier puits du réseau aval (trés joli, vu d'en haut), et on attaque la topo, dans une infâme petite diaclase inclinée, heureusement courte; le passage s'élargit ensuite à la faveur de petites galeries basses et de micro-salles. Rien de bien terrible, par rapport aux "50m très désagréables" que Bernard nous avait annoncé. C'était compter sans la traitrise de l'Abel... Les dits 50m étaient bien là, un peu plus loin, avec 60cm de plafond en moyenne, boueux à souhait, entrecoupés de longues flaques d'eau marron, d'où le carnet et les instruments topo auront bien du mal à sortir intacts. Puis les "grandes galeries" retrouvées, de nouveau au contact marno-calcaire (on remonte plus ou moins parallèlement au réseau descendu précédemment), et enfin le fameux "méandre aux choux-fleurs". Ne serait-ce que pour les choux-fleurs, je vous conseille la visite... nulle part ailleurs je n'en avais vu une telle variété, couvrant les murs du haut en bas du méandre au point qu'il est difficile de ne pas en écraser à chaque pas, des petits, des gros, des touffus, d'autres surmontés de coupelles, de toutes les variétés de couleur, du blanc au brun en passant par les gris et les noirs des coulées de manganèse. Brutalement, à un détour du méandre, plus de choux-fleurs, un petit actif cascade au fond du méandre, se perdant sous nos pieds, an bas d'un petit ressaut, dans un minuscule siphon. Il faut suivre l'actif vers le haut, escalader dans le méandre par des oppositions parfois fort exposées (l'Abbé, heureusement, à déjà déclaré forfait un peu plus bas - il n'aime pas l'escalade), se glisser au plafond d'un petit puits dans une chatière qui perce la strate calcaire, pour rejoindre les salles ébouleuses terminales. À l'extrémité, l'eau cascade d'un petit méandre de plafond, très calcifié, qui a résisté jusqu'ici à toutes les tentatives de pénétration. La topo le dira au retour, nous sommes à -100, à peu près à la même altitude que le début du nouveau réseau, dans un petit actif parallèle. Y a-t-il au-dessus une belle série de puits qui permettraient un jour de faire une jolie petite boucle? On peut en rêver, mais je crois pas que ce soit par en bas qu'on le trouvera! Il ne nous restait plus qu'à ranger le matériel topo, après avoir laisser notre marque à la peinture rouge sur le mur du fond, à grignoter une petite barre de céréales, et à reprendre le boueux chemin du retour. L'Abbé avait pris un peu d'avance, nous le rejoindrons dans le puits. En chiffres: 37 visées topo, 199m de développement, 4 heures de topo, et 9 heures sous terre... Et un Bernard Heu-Reux. Depuis presque un an que le nouveau réseau est connu, il va enfin pouvoir être publié, c'était la dernière topo manquante! Eric.