BOÎ BOULOK 1995

Compte-rendu, par Jérôme Dupuy Jérôme Dupuy


BOÎ BOULOK 95

BREF HISTORIQUE.

Il s'agit d'une expédition Franco - Russe en OUZBEKISTAN dans le massif du TCHOUL - BAÎR ( chaîne Tian - Shan ).

L'équipe est composée de seize spéléologues ( 15 Russes et 1 Français ).

Nous partons de SIBERIE ( TCHIELYABINSK ) pour l'OUZBEKISTAN ( BAISOUN ) au moyen d'un autocar loué par nos collègues Russes.

En quatre jours nous parcourirons plus de 3000 kilomètres et traverserons du nord au sud le KAZAKHSTAN.

L'accès au camp de base, situé à 2700 mètres, se fait par camion suivi de 3 heures de marche.

La première semaine est entièrement consacrée à la préparation du matériel et à l'acclimatation à la cavité.

L'organisation de l'expédition prévoit plusieurs séries de camps souterrains. Les plus importants seront celui du " RUSSIAN TUNNEL" et celui de la plongée des siphons II et III. Je fais parti de l'équipe qui travaillera dans la galerie Russe.

Son exploitation avait été arrêtée en 1992 par absence de temps: nous estimons à

1 semaine de camp souterrain la durée nécessaire pour les travaux à effectuer.

Une première équipe descendra à la première base située à - 700, pour acheminer les vivres ainsi que le matériel de bivouac, ceci afin de nous alléger.

Sous terre, où l'alternance jour / nuit n'existe pas, nous fonctionnerons en cycle

( 1 cycle = 1 période activité / sommeil ).

Le 8 août au petit matin nous descendons. Notre équipe est composée de quatre personnes. Ce petit nombre nous permettra d'être très rapide dans nos déplacements. Nous emportons encore des vivres ainsi que du matériel topographique.

Un arrêt de quelques heures est nécessaire à la base - 300. Nous reprenons nos forces.

Après 8 heures de descente nous arrivons au siphon I : il ne nécessite pas d'immersion totale pour son passage. En effet, un espace d'une dizaine de centimètres entre le niveau de l'eau et le plafond nous permet le franchissement, sans avoir recours au matériel de plongée.

Cinq heures plus tard, soit treize heures après notre entrée dans la cavité, nous arrivons à la base - 700.

Nous y installons le camp de base et y passons la première nuit.

Au cours du deuxième cycle nous accédons au terminus de la galerie Russe, située à

- 320 mètres, avec vivres et matériel. Treize heures sont nécessaires pour celà. Arrivés à cet endroit nous comprenons rapidement la nécessité d'installer un bivouac.

Nous redescendons donc à la base - 700 pour y chercher le matériel nécessaire que nous remonterons au troisième cycle.

Notre camp est installé au cours du troisième cycle, soit après vingt heures d'efforts. Nous sommes à - 1400 mètres de dénivellation sous terre, et seulement à - 120 mètres par rapport à l'entrée.

Ce camp constitue un record de bivouac souterrain. Jamais en ASIE et en RUSSIE un camp si profond n'a été établi.

Le quatrième cycle sera consacré à la topographie et à l'exploration de la galerie. Nous ferons 10 relevés.

Le cinquième cycle verra l'escalade de puits remontants nous empêchant de ce fait la poursuite de l'exploration.

Nous finissons la topographie au cours du sixième cycle. Nous nous préparons à remonter au septième cycle car nos vivres vont commencer à manquer.

Notre sortie se fera au début du huitième cycle après plus de 20 heures d'efforts continus.

Après quelques jours de repos nous mettons au propre nos notes prises sous terre. Nous avons effectué une remontée de 210 mètres dans la galerie Russe pour un développement de plus de 740 mètres. Nous ne sommes plus qu'à 188 mètres du record mondial.

Le temps nécessaire à une poursuite d'exploration est malheureusement trop important pour que nous puissions l'entreprendre maintenant.

Nous apprenons que l'équipe " plongée " a effectué l'exploration des 2 siphons. Hélas, ils sont sans suite.

L'extension de la cavité ne peut se faire maintenant que par le tunnel Russe.

Nous quittons le camp le 23 août.

Le potentiel de la cavité est énorme, toutefois les moyens d'accès sont longs et coûteux. La cavité est, physiquement et psychologiquement, très dure. Le froid et l'eau viennent à bout des plus résistants. Cependant la perspective de battre un record du monde et, au- delà, de découvrir de nouvelles galeries, constituent des motivations suffisantes pour y retouner.

PROFONDEUR ATTEINTE 1415 mètres ( 1er rang Asiatique, 2ème rang Russe, 7ème rang mondial ).

DEVELOPPEMENT DU RESEAU 15 000 mètres

DUREE DU BIVOUAC 170 heures

DECOUVERTES - 744 mètres de nouvelles galeries

- reconnaissance des siphons II et III

- plongée du siphon - 560 reconnu en 1994

Jérôme DUPUY