Un banc d'essai pour l'Internet à "vraiment" très haut débit


Enseignement à distance, travail collaboratif dans des environnements virtuels, jeux en réseau en trois dimensions, télémédecine : telles sont quelques-unes des applications promises par le Vraiment très haut débit (VTHD), la version expérimentale de l'Internet de deuxième génération actuellement testée par France Télécom, l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) et le Groupe des écoles de télécommunications (GET).
Edition du samedi 12 mai 2001
Le VTHD est présenté comme un banc d'essai pour les technologies qui doivent permettre, dans un futur proche, d'offrir des débits très élevés, tout en explorant les applications qui sont à même d'en tirer le meilleur profit. Ce projet de recherche, lancé fin 1999 avec un budget de 100 millions de francs sur deux ans, bénéficie du soutien gouvernemental par le biais du Réseau national de la recherche en télécommunications (RNRT) qui le finance à hauteur de 40 %. Il fait écho à des initiatives similaires menées notamment aux Etats-Unis, où un consortium de 140 universités s'est formé en 1998 pour explorer le développement d'Internet 2, sur le réseau Abilene.
Concrètement, le VTHD constitue un réseau fermé qui s'appuie sur l'infrastructure à fibres optiques de France Télécom et permet la connexion de huit sites localisés en région parisienne, à Grenoble (Isère), Lannion (Côtes-d'Armor), Caen (Calvados), Nancy (Meurthe-et-Moselle), Rennes (Ille-et-Vilaine), Rouen (Seine-Maritime) et Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes). Le cœur du réseau autorise un débit de 40 gigabits par seconde, en s'appuyant sur une technologie de multiplexage des longueurs d'onde WDM (Wavelength Division Multiplexing) qui permet d'octroyer à l'utilisateur final un débit pouvant atteindre 800 à 900 mégabits par seconde, environ deux mille fois plus élevé que celui des offres commerciales actuelles sur le câble. De quoi transférer un CD-ROM en quelques secondes, ou de diffuser en temps réel de la vidéo sur grand écran. Sans préjuger d'autres utilisations qui restent à inventer.
Ce réseau n'est pas ouvert sur l'Internet du commun des internautes, mais restreint aux laboratoires de France Télécom, de l'Inria et du GET, qui ont pour mission, selon l'expression de Jacques Damlamian, directeur exécutif de la branche développement de France Télécom, de "secouer la bête", c'est-à-dire de tester les "térarouteurs" et les "brasseurs optiques" capables d'un ajustement dynamique de la bande passante - matériels pour l'essentiel d'origine américaine. Mais il faut également développer les outils qui permettront de gérer au plus fin les débits, de connaître en temps réel l'état du réseau. Et d'adapter la bande passante allouée à chaque type d'utilisation : une visioconférence est plus gourmande que l'envoi de courriers électroniques, et sera prioritaire. Il s'agit bien évidemment - contrairement à Internet aujourd'hui - de pouvoir garantir contractuellement une certaine qualité de service, et de justifier une politique tarifaire diversifiée. Jacques Damlamian espère avoir en ce domaine "des choses à offrir début 2002".

Hervé Morin    http://interactif.lemonde.fr/dossier/0,5611,2862-4012--0,FF.html